Chaque jour, assise, les yeux fermés ou mi clos, j’observe le monde et l’au-delà des apparences.
Je vois les beautés de la création, les paysages, les couleurs, les formes, les mouvements.
Je vois les enfants, les femmes et les hommes, les animaux, les énergies, les intentions.
Je ressens l’amour, les connexions, les liens, la compassion.
Je visualise les possibles, l’interdépendance, les conséquences de nos actes et de nos pensées, ce que nous créons d’instant en d’instant.
Et je reviens ici, à l’échelle de notre monde, je nous vois pris dans tout cela, certains pensant être créateurs de leurs vies, d’autres subissant, d’autres encore en recherche de sens.
Je nous vois bien petits ici bas, et pourtant si grands, si potentiellement puissants.
Je nous vois frétiller comme des poissons pris dans un filet et cherchant à s’en libérer, à trouver un passage entre les mailles, sans réelle conscience de cette lutte, juste parce qu’il n’y a rien à faire d’autre que continuer à avancer, à être.
Je nous vois nous perfectionner, nous éduquer, nous comparer, nous féliciter, nous juger, nous enorgueillir, nous défiler, nous soutenir, nous renfermer, nous connecter, nous couper.
Je nous voir réfléchir, donner du sens, nous recentrer sur nous et nous donner la priorité parce que nous ne savons pas faire autrement que sauver notre peau et trouver notre bien-être dans le filet.
Alors qu’il suffit de rester là, assis, pour voir tout cela.
Il suffit de demeurer là, pour voir le filet et cesser de nous débattre.
Il suffit de demeurer là, assis à l’intérieur, pour retrouver notre puissance créatrice et reconnecter notre bienveillance.
Il suffit de demeurer là, assis à l’intérieur, pour retrouver le sens de tout et des autres.
Il suffit de demeurer là, assis à l’intérieur, pour que le filet se dissolve.
Il suffit de demeurer là, assis à l’intérieur.
Christelle Hauteville-Chadorla