Désormais, je te vois peur et je peux rester en ta présence, les oreilles bourdonnantes et les larmes fébriles dans un corps en suspend.
Mais de quoi as tu donc tant peur, que veux tu qu’il n’advienne pas ?
Peur de ne plus être, de ne plus contrôler ton monde.
Oh je sais combien tu as mis toute ton énergie à me protéger.
Je sais combien tu es dévouée.
Je sais ton abnégation, ton sacerdoce, ta dévotion même à ta mission.
Et je te remercie de m’avoir avertie de tous les dangers, de m’avoir prévenue des risques et des manquements, de m’avoir alertée des égarements.
Oui, merci infiniment, incommensurablement.
Mais désormais tu peux laisser la place et prendre congé, prendre retraite.
Une force plus grande me protège.
Tout d’abord tu peux quitter le ventre, et venir te réfugier dans le coeur.
Voilà, à ton tour de te détendre et te sentir protégée, aimée, accueillie.
Puis maintenant, tu peux quitter la gorge et venir te réfugier dans le coeur.
Un nouvel espace paisible prend place, serein et doux.
Tu peux aussi quitter la tête et venir te réfugier dans le coeur.
Ressens tu la légèreté et le silence omniprésents ?
A présent, tu peux quitter le plexus solaire et venir te réfugier dans le coeur.
Comment te sens tu quand la pression et les contraintes ne sont plus ?
Et puis, tu peux quitter les cellules et venir te réfugier dans le coeur.
Le corps se déploie dans un espace sans limite, libre.
Enfin, tu peux quitter le coeur et quitter ce corps, partir dans la lumière.
Tu n’es plus. Tu es autre. Tu es espace. Tu es lumière.
Je suis espace. Je suis lumière.
Christelle Hauteville-Chadorla