Il y a différentes façons d’aborder le détachement. La réflexion pour appréhender l’étendue des objets d’attachements et débuter un travail de détachement et de libération est une première forme. Ici, je veux l’aborder sous une autre forme, sur la base de l’expérience directe. La conscience primordiale (Rigpa en tibétain) peut connaître directement comment l’attachement oeuvre au sein de notre propre esprit. Nous sommes à la source, là où l’attachement se manifeste compulsivement, avant que quoi que ce soit ne soit nommé et catégorisé.
Il est difficile de voir l’attachement. Où est-il ? Comment se forme-t’il ? Que créé-t’il en nous ? Et surtout, comment se libérer de cet attachement imperceptible ?
Pour savoir, nous posons une question en méditation, par exemple « Comment me détacher du monde ? » Dans mon expérience, en réponse, la conscience s’ouvre et perçoit un espace autour de moi contenant mon monde, toutes mes projections. Je vois les voisins, leurs maisons, la ville, des pensées, des désirs… et je vois surtout que tout cela est le contenu de mon attachement. Ça gravite autour de moi, magnétique. Je prends conscience aussi que les relations, le désir d’être aimée, d’appartenir à ce monde… vient de l’attachement à la vie, au besoin de maintenir ce que j’ai créé, plus exactement au besoin de maintenir « je » dans ce que « je » a créé. L’attachement subtil, c’est celui portant sur la relation de « Je » à ses créations.
Ce que je ressens, c’est de l’attachement à l’état brut, sans peur, sans émotion, juste l’esprit qui s’attache à ce qu’il a créé et ne veut pas le laisser se dissoudre, ne veut pas en être séparé. Ça a été créé, ça doit être maintenu. Sans intention particulière. Juste un fait.
En poursuivant mes méditations sur le détachement et en laissant la conscience primordiale faire son oeuvre, ce qui était attaché dans l’espace autour de moi finit par se dissoudre. Il n’y a plus d’espace d’attachement autour de moi. Depuis mon intérieur jusqu’au plus loin que la conscience subtile puisse aller, c’est désormais le même espace ouvert.
Et pour vous, comment l’attachement se manifeste et oeuvre en vous ?
Christelle Hauteville-Chadorla
