« Un certain nombre de voies de traverse conduisent à une version distordue, égocentrique, de la vie spirituelle. Nous pouvons nous illusionner en pensant que nous nous développons spirituellement, alors qu’en fait nous usons de techniques spirituelles pour renforcer notre ego. Cette distorsion fondamentale mérite le nom de matérialisme spirituel. » Chogyam Trungpa
Comment voir si nous nous sommes perdus dans ce matérialisme spirituel ?
- Le premier indice est la recherche de confort, de sécurité et de plaisir. Est-ce que je suis en quête de sensations agréables dans mes pratiques et apprentissages ? Est-ce que j’ai besoin de lieux beaux et raffinés pour me sentir mieux ? Est-ce que j’évite ce qui pourrait me remettre en question ?
- Le deuxième indice est l’attrait pour des croyances et pensées distinguant les êtres spirituellement élevés des êtres ordinaires, valorisant les pouvoirs de l’esprit (guérison, clairvoyance…).
- Le troisième indice est la volonté de faire croitre la « conscience de soi » et de se raconter encore plus son histoire.
Le chemin spirituel menant à l’éveil ultime(1) ne nous conduit pas vers Soi, il nous propulse au-delà, là où tout est à la fois indifférencié et distinct, global et faisant partie. Il ne cherche pas le confort mais nous invite à être détendu et stable à chaque instant, où que nous soyons. Il ne cherche ni élévation, ni pouvoir de l’esprit mais invite au lâcher-prise, au contentement, à vivre l’instant présent, à ne pas s’identifier ni se comparer, à la non dualité, à réalisation de la vacuité.
Trinley Drolma
(1) Il y a plusieurs niveaux d’éveil, comme il existe plusieurs degrés de Bouddhas correspondant à des niveaux de conscience de moins en moins grossiers, de plus en plus subtils. Ici, je parle de l’éveil ultime, autrement appelé Bouddha absolu.