Besoin de liberté, de s’affranchir

Une de mes phrases fétiches était « Je fais ce que je veux ! ». C’était la marque d’un appel vers plus de liberté, le besoin irrépressible de m’affranchir de la volonté d’autrui, de m’affranchir de ce que l’autre pense de moi également.

Il y a quelques jours, j’ai « enfin » vu le mouvement subtil entrainant à suivre inconsciemment la volonté d’autrui et à devenir ce qu’il pense. Je vous relate le contexte pour ensuite vous faire part des prises de conscience et libérations effectuées. 

Après 2 mois de fermeture, la nouvelle mouture de mon site de coaching / formation basée sur les principes bouddhistes est publiée. Je sollicite quelques personnes d’horizons différents pour connaitre leurs ressentis. Je me sens confiante avec des retours mentionnant de la clarté, du professionnalisme, de la confiance, de la bienveillance, de la profondeur et de la sagesse. Mais lorsqu’un retour mentionne que mes activités sont étendues et que ce large périmètre donne l’impression de « ratisser large », je tique. Je comprends rationnellement que l’on puisse percevoir cela dans une pensée occidentale regardant chaque point spécifique pour ensuite essayer de dessiner la carte dans son ensemble, contrairement à la vue asiatique regardant d’abord la carte globale pour ensuite entrer dans ses détails. J’ai une vue plutôt asiatique, je dessine d’abord la carte générale pour ensuite voyager dans chaque région en gardant en perspective la vue globale. Malgré cette compréhension rationnelle, je me réveille le lendemain avec un sentiment désagréable. J’entre en Vipassana dans ce sentiment et apparait un mouvement d’étroitesse sur le plexus. Ce qui était pleinement ouvert auparavant, tel un ciel, était maintenant forcé à entrer dans un canal étroit, comme si je ne devais être qu’un mouvement dans le ciel et non plus le ciel entier. En me posant sur ce canal qui me réduit, je ressens le besoin d’affranchissement, de liberté, de sortir de là. Je vois comment la conviction de l’autre a créé dans mon esprit un rétrécissement, ici la pensée étayée que ce que je propose est trop vaste et devrait être ramené à un seul aspect pour que le public français puisse s’y identifier. Je comprends alors plus subtilement ce que j’ai vécu toute ma vie : je devenais ce que l’autre pensais, la pensée de l’autre me réduisait et j’avais l’extrême nécessité de m’en affranchir, d’où ma rébellion à l’autoritarisme, au conformisme et à tout ce qui voulait me réduire.

J’ai alors tout changé. Là, dans cette situation particulière vécue il y a quelques jours, je me suis affranchi de la pensée de l’autre de me réduire pour être mieux comprise des français. Je suis redevenue mon entièreté, le ciel. La conscience a dissous le canal qu’elle avait créé sur le plexus en réaction à l’intention de l’autre de me vouloir plus spécifique. En quoi étais-je obligée de devenir ce que l’autre pensait ? J’ai consciemment pris la décision de ne plus devenir ce que les autres projètent. J’ai consciemment donné la consigne à ma conscience de demeurer pleinement ouverte, entière et de ne plus se laisser déformer et tronquer par des pensées provenant de l’extérieur. J’ai consciemment décidé d’être le ciel contenant tous les mouvements.

Le besoin de liberté que certains ressentent dans leur vie est la traduction d’une trop grande sensibilité à ce que les autres projètent. Nous pouvons entendre, percevoir, savoir ce que l’autre projète avec ses intentions, ses limites, ses compréhensions et incompréhensions, ses désirs, sa façon de se représenter les choses, ses émotions. Et nous pouvons demeurer ce que nous sommes intrinsèquement malgré cela. Nous pouvons être le ciel et voir des mouvements sans nous laisser prendre dans ces mouvements. Cela demande de la clarté, de la concentration et de la sagesse.

Les premières conséquences ? J’ai d’abord décidé d’ajouter une nouvelle prestation à mes activités, celle de coaching premium sur mesure, qui utilise pleinement mon ouverture et ma capacité à voir et connaitre les mouvements émis par autrui pour les éclairer. J’assume pleinement d’être le ciel, si vous me permettez cette image.

Deuxième conséquence ? J’en ai terminé avec le besoin de m’affranchir, de faire ce que je veux, car j’ai maintenant la capacité à ce que le ciel puisse demeurer ciel quels que soient les vents, tempêtes, tornades s’élevant en son sein. Il me faut pour cela rester consciente de ces mouvements et les laisser passer.

Troisième conséquence ? Mon ciel est devenu encore plus grand. Auparavant, des mouvements se manifestaient parfois au-delà de « moi », comme s’ils m’étaient extérieurs. Depuis, tous les mouvements perçus sont à l’intérieur du ciel. Ce qui était avant perçu comme au-delà de « moi » sont maintenant des mouvements inclus dans mon ciel (ma conscience) et je peux les percevoir sans qu’ils ne modifient en quoi que ce soit mon ciel. Le ciel est ciel. L’esprit est l’esprit. Les orages et les vents, tout comme les intentions et les pensées ne sont que des mouvements temporaires. Le ciel demeure ce qu’il est, aucun mouvement « météorologique » n’altère le ciel dans ce qu’il est intrinsèquement. Comme les vagues sont les mouvements de la mer, le vent et la pluie sont les mouvements du ciel, la germination et l’éclosion sont les mouvements des plantes, les vibrations sont les mouvements de la musique, les pensées et les émotions sont les mouvements de l’esprit mais ne sont pas l’esprit. L’esprit peut demeurer un espace ouvert quoi qu’il se passe en son sein.

Oui, s’affranchir du pouvoir des pensées. Des nôtres, mais aussi de celles d’autrui. Les pensées sont de l’énergie. Les convictions fortes sont des pensées avec une très forte énergie ayant le pouvoir d’emporter les autres. C’est la base du leadership, du charisme, du pouvoir managérial aussi, de l’emprise encore. Etre capable d’emporter les autres avec ses convictions, conscientes et inconscientes. Quand ces convictions et les mouvements qu’elles initient sont reconnus, nous pouvons ne pas nous laisser emporter, sauf si nous décidons consciemment de les suivre pour y participer. Cela dépend de notre propre force d’esprit, de notre ouverture, de notre clarté et de notre sagesse. Et tout cela est le fruit d’une pratique méditative et introspective continue.

Et vous, comment est votre ciel ?

Christelle Hauteville-Chadorla

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Christelle Hauteville Chadorla

L’alliance de 2 belles cultures, française et bhoutanaise, unissant raison, spiritualité et sagesses bouddhistes, pour plus de lucidité et de conscience.

Egalement :
– Thérapeute, coache et formatrice en Libération émotionnelle, mentale et karmqiue, Enseignante en psychologie, philosophie et méditations bouddhistes à « Harmonie & Croissance intérieure » (site harmoniecroissance.com)
– Fondatrice, gérante, guide de méditation et soutien linguistique pour les enseignements philosophiques au centre culturel bouddhiste (site chadorla.fr)

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