Il y a de nombreuses acceptions à ce terme d’autant plus quand nous voyageons à travers différentes cultures. La sagesse, c’est tout cela : connaissance, intelligence, pondération, retenue, bon sens, clairvoyance, discernement, finesse, lucidité, maturité, profondeur, perspicacité, prudence, raison, subtilité… et plus encore.
Dans le bouddhisme, nous parlons de 2 sagesses : Yeshé et Shérab. Yeshé est la sagesse primordiale, la vérité ultime que rien ne peut altérer ou réduire, la connaissance la plus profonde. C’est la source de tout, la vacuité. Shérab est la sagesse transcendante, ou plutôt les sagesses transcendantes, les connaissances relatives nous permettant d’atteindre une compréhension de plus en plus subtile. Elles transcendent les différents plans grossiers sur lesquels notre conscience se pose et reste parfois scotchée. Ces connaissances sont dites relatives, car elles concernent un domaine particulier et seront inopérantes sur les autres domaines ou plans de connaissances plus subtils. Pour faire simple, c’est comme les mathématiques à l’école, ce que vous apprenez les premières années est vrai, mais en poursuivant vos études vous comprenez qu’elles sont partielles, qu’elles ne fonctionnent que dans un spectre particulier et qu’il faut aller au-delà pour connaitre le plus subtil. Une connaissance transcendante doit être lâchée ou tout du moins comprise comme relative à un niveau donné pour accéder à une connaissance plus subtile.
Dans ma pratique, la sagesse, c’est l’art si difficile de combiner tout cela, d’amener nos connaissances dans nos comportements, nos vertus dans notre intelligence, notre clairvoyance dans notre lucidité, notre pondération dans nos actes et nos mots… C’est une réadaptation constante, qui doit transcender les règles du monde ordinaire, tout en y injectant la lucidité, le bon sens et la raison pour un mieux-vivre ensemble. En même-temps la sagesse est loin d’être sage comme une image (usage perfide de la sagesse dans l’éducation), elle est vivante, joyeuse, illimitée, toute puissante, guérissante, enveloppante, sereine, non démonstrative, tolérante, toute connaissante, bienveillante, non discriminante, forte, soutenante, ordinaire et extra-ordinaire, libératrice, rebelle, contestataire, diplomate, compréhensive… Elle est tout.
Christelle Hauteville-Chadorla