Le karma est vaste. Il signifie action. Le karma c’est à la fois ce qui nous pousse à agir d’une certaine façon et les conséquences de nos actes. Au-delà de l’action, ce sont les intentions qui en sont la force motrice, car toute action est réalisée sur la base d’intentions, conscientes parfois mais bien plus souvent inconscientes. Dans une vision ordinaire du karma, nous parlons d’actes réalisés dans les vies passées avec leurs conséquences dans cette vie. C’est vrai. Mais cela va bien au-delà de cette vue ordinaire. En ayant une conscience élargie et plus subtile, nous comprenons que notre personnalité et les évènements de notre vie, notre attitude, nos réactions, la nature de nos pensées… sont les conséquences du karma. Ce que nous aimons appeler « Qui je suis » n’est en fait que l’assemblage d’une multitude de karmas, plus ou moins en cohérence les uns avec les autres. Cet assemblage unique fait que chaque être est différent. En travaillant sur les karmas, nous entrons en état de conscience modifiée dans nos pensées, nos sensations, nos perceptions, nos images mentales… pour connaitre l’origine et les intentions de nos actes présents et antérieurs. Une fois les causes mises en conscience, une libération s’opère. C’est la libération karmique.
Les kleshas sont des conditionnements à la base de notre conscience. Kleshas est également traduit par émotions perturbatrices ou afflictions racines. Elles sont à l’origine de notre façon de percevoir les choses, de nous représenter qui nous sommes et devons être, et le rapport au monde et aux autres. Il est difficile de les différencier des karmas décrits ci-dessus. Kleshas et karmas agissent de concert et s’interpénètrent. Les karmas sont agissants, les kleshas sont une base de fond, les couleurs avec lesquelles nous peignons notre réalité. Les karmas sont l’expression de la loi de causes et conséquences. Les kleshas sont l’expression de Marigpa, l’absence de sagesse. Pour faire simple, les karmas sont les conséquences de nos actes, les kleshas n’ont pas besoin d’actes pour exister et être créées. C’est la nature même de l’esprit, de la conscience fondamentale ou encore de l’essence d’un être. Sans klesha, c’est l’éveil des Bouddhas. Avec kleshas, c’est une conscience soumise à des mouvements irrepressibles et inconscients. Dès que nous les mettons à la conscience, les kleshas s’auto-libèrent. Les kleshas sont donc les conséquences d’une conscience qui s’est fermée, auto-rétrécie, et orientée sur elle-même. Au lieu de voir toute chose, la conscience passe par le prisme d’un soi qui interprète toute manifestation en bien ou mal selon les orientations qu’il souhaite pour lui-même. Une fois initiées, sans conscience pure, il est impossible de les percevoir. Au contraire, elles manipulent notre perception qui ne voit plus les choses telles qu’elles sont mais selon un registre d’interprétations et d’hypothèses. C’est pour cela que je parle de conditionnements à la base de notre conscience. C’est le matériel même de notre construction. Une fois les kleshas vues par une sagesse claire, une libération s’opère. C’est la libération des conditionnements racines.
Libération karmique et libération des conditionnements permettent d’apaiser et transformer les émotions et les pensées, de se défaire d’habitudes et de tendances répétitives, de changer nos réactions et ressentis. Avec un travail persévérant sur la durée, le caractère et le tempérament sont modifiés. Ce sont des méthodes basées sur la compréhension bouddhiste de « Poser la conscience à l’intérieure, la conscience dépose le médicament ». Cela demande de savoir où regarder (sagesse) et d’y demeurer suffisamment longtemps (méditation / concentration) pour que le processus de guérison / libération s’opère.
Ce travail peut se faire en solitaire, dans sa pratique de méditation introspective et de Vision pénétrante (Vipassana). Il est toutefois très difficile de s’auto-libérer de ce que nous ne voyons pas, notre propre sagesse n’ayant pas la clarté suffisante pour savoir où regarder. Elle cherche sans trouver et nous nous sentons agité, perdu, incapable de connaitre ce qui se joue en nous, incapable de le transformer, toujours dans une recherche d’on ne sait même plus quoi.
Ce travail peut aussi être fait avec un accompagnement avisé et éclairé pour amener votre sagesse à regarder au bon endroit, dans des espaces intérieurs méconnus d’elle-même, à savoir ce qui s’y joue, à mettre à la conscience clairement les tenants et aboutissants, à observer / accompagner le processus de libération / guérison déclenché par la connaissance. Un travail sur ce que cela change en nous doit aussi être mené pour ne pas laisser cela dans le flou ou l’ignorance. Libérer oui, mais en ayant conscience des quoi et comment pour entrainer la conscience à le refaire d’elle-même. Une conscience qui sait devient sagesse libératrice. Une conscience qui ne sait pas demeure ignorante, incapable de s’auto-libérer.
Christelle Hauteville-Chadorla
Dans une approche thérapeutique -> www.harmoniecroissance.com