Le 1er mantra que l’on m’a appris était celui de Guru Rinpoché « OM HA HOUNG BENZA GURU PEMA SIDDHI HOUNG ». Lors de mon pèlerinage au Sikkhim (Inde), j’ai pu me rendre sur différents sites de Guru Rinpoché. Lors de mes 3 premiers voyages au Bhoutan, j’ai pu me rendre à Taktshang, le Nid du Tigre, haut lieu de méditation de Guru Rinpoché, niché à 3120m d’altitude et emblème de ce pays. Dans les grottes des niveaux bas du monastère, une fois descendu les escaliers, il en est une où j’ai versé toutes les larmes de mon corps. Sans aucune émotion négative, les yeux pleuraient. Je sentais le coeur intense et fébrile, hyper présent et ouvert. Un sentiment très fort de revenir à la source, d’être chez moi, est apparu à l’esprit. J’ai été subjuguée par cette grotte et son atmosphère désormais gravées clairement en l’esprit. J’ai également pu méditer dans la grotte de Yeshé Tsogyel, juste au dessus du monastère.
Ce sont des connexions, des mémoires, des karmas constituant la Christelle de cette vie, et faisant le socle de la Trinley Dreulma s’éveillant en s’appuyant sur l’incarnation Christelle. Pourtant pendant ces 20 dernières années, je me suis consacrée à la liberté intérieure, en privilégiant l’introspection et en m’installant jour après jour dans les émotions qui s’élevaient en moi pour les connaitre et ainsi permettre leur dissolution. Ces parts de Guru Rinpoché, Yéshé Tsogyel, Trinley Dreulma sont là, sans que je m’y intéresse plus que cela. Un peu comme si elles vivaient sans que ma conscience ne se sente concernée et impliquée, ou alors par petites bribes. Difficile à exprimer.
Mais hier, alors que je mangeais la couronne des rois aux fruits confis, un tigre s’est manifesté sur ma nuque. Il était là depuis toujours, dans une cage avec ses petits, réclamant pitance. J’ai toujours cherché à voir ce qui m’appelait à grignoter entre les repas. Cela s’est enfin fait jour, sans effort particulier, hier. Et voilà que le tigre grandit, prend place, retrouve sa liberté. Il me ramène à Taktshang et je me rappèle que Guru Rinpoché vola vers ce lieu à dos de tigre, d’où le nom « Le nid du tigre ». Le tigre et Guru Rinpoché sont maintenant imbriqués dans ma visualisation. Le tigre vole, marche imperturbable et fort, tranquille et majestueux. Je vois Guru Rinpoché méditer dans sa grotte, comme si cela avait été ma propre mémoire. Puis vient Yéshé Tsogyel.
Ce matin, tout est encore là. La pratique de mantra « OM HA HOUNG BENZA GURU PEMA SIDDHI HOUNG » s’impose et l’esprit s’installe dans l’énergie de Guru Rinpoché.
Je vous avais parlé en décembre d’une libération de l’émotion de déconsidération ayant amenée mon noyau dur, mon essence ou encore Alaya Vijnana à se désintégrer. Depuis hier, en m’installant dans le coeur, c’est un univers, un champ pur de Guru Rinpoché que je vois et qui vit en moi (ou plutôt qui enveloppe).
Je n’ai pas d’émotions particulières. Je ne cherche pas à retenir. J’ai réalisé que tout est mouvant et que retenir n’est qu’attachement. Je cherche juste à demeurer consciente de ce qui se joue dans le coeur. Ce qui est nouveau, c’est que rien ne vient rattraper ce qui vit en mon coeur. Il n’y a pas de limite, pas d’identification. C’est là. Ce n’est pas moi, mais c’est dans le coeur que cela se déroule. Ce n’est pas physique, c’est comme une projection en 3D, l’esprit et cette projection font un.
Pourquoi vous témoigner de cela ? Pour témoigner qu’un chemin d’éveil n’est pas une voie de bien-être et de satisfaction. C’est une voie d’inconfort et d’incertitude demandant de se détacher de tout, aussi bien de nos désirs que de nos idées sur nous-même et le monde. C’est une voie qui alterne réalisations et descentes dans nos zones les plus sombres. C’est une voie qui demande de ne jamais croire être arrivé car il y a toujours plus subtile au-delà. C’est une voie qui déstabilise tout en stabilisant, fait peur tout en rassurant, met en risque tout en protégeant, éloigne du monde tout en le rendant plus réel.
C’est ainsi. Peut-être cela sera de même dans l’instant suivant ou différent. D’autres visualisations s’étaient déjà manifestées. D’autres adviendront. Surtout ne pas se raconter d’histoires, ne pas donner du sens tout relatif. Juste laisser être, ne pas obscurcir, ne pas voiler.
Et nourrissez votre tigre jusqu’à ce qu’il soit prêt à retrouver sa liberté !!!
Christelle Hauteville-Chadorla / Trinley Drolma
