Je ne suis pas libre par droit(1), je suis libre de ce que j’ai accompli et donné. Je ne suis pas libre grâce à une charte(1), je suis libre de ce que j’ai semé, des actes réalisés, du soutien apporté, de l’attention accordée, des mots assemblés pour transmettre.
Je ne suis pas libre parce qu’on me le doit, je suis libre parce que j’ai appris à naviguer entre obligations et choix, entre politesse et respect, entre altruisme et protectionnisme, entre générosité et responsabilisation.
Je suis libre de vous suivre ou de vous dire non. Je suis libre de vous écouter ou de porter mon attention ailleurs.
Je suis libre de ne pas suivre la mode et les « tout le monde fait ça ».
Je suis libre de ne pas commenter et de ne pas avoir d’avis.
Je suis libre aussi de commenter mais le ferais peu car les paroles non bienveillantes blessent, détruisent et enlaidissent.
Je suis libre d’être d’accord et de ne pas vous le dire. Je suis libre de ne pas être d’accord et de ne pas le crier.
Je suis libre de ne pas avoir à me faire entendre, de ne pas m’exprimer, ce qui n’enlève rien à ma place et à la valeur de mes opinions que j’exprime dans mes actes et ma façon de vivre.
Je suis libre de ne pas suivre les crieurs et agitateurs.
Je suis libre de ne pas être tenté de crier plus fort que les revendicateurs.
Je suis libre d’avoir d’autres voies d’expression, d’autres façons d’influencer le monde, d’être un modèle différent.
Je suis libre de faire ma vie et vivre mes convictions sans heurter, sans imposer aux autres, sans penser détenir la seule vérité, sans m’en prendre à vous.
Je suis libre de partager le monde avec des gens différents de moi.
Je suis libre de ne pas être d’accord avec vous, et de ne pas vous en tenir rigueur.
Je suis libre d’être bienveillante et posée.
Je suis libre d’avoir une vie simple et sage.
Je suis libre de préférer la sagesse aux commentaires irréfléchis.
Je suis libre d’accepter de ne plus maitriser mes humeurs parfois, même si ça heurte mes convictions, et de ne pas me culpabiliser.
Je suis libre de ne pas m’en vouloir, de ne pas vous en vouloir, de ne pas en vouloir au monde.
Je suis libre de ne pas vous rendre responsable de mes difficultés, ni le monde, ni les politiques, ni les autres, ni Dieu, ni la fatalité.
Je suis libre d’être responsable de mes choix et de ne m’en prendre qu’à moi en cas de mauvais choix ou d’absence de choix.
Je suis libre de me créer d’autres opportunités, de m’inventer d’autres possibles.
Je suis libre d’échouer et de réussir.
Je suis libre de me limiter par peur ou par facilité.
Je suis libre de me déployer par ambition ou par joie.
Je suis libre de me sentir contrainte ou challengée, de dépasser les contraintes ou de m’y résigner, de sauter l’obstacle ou faire face à un mur, de le sortir du cadre ou d’en faire un élément du cadre.
Je suis libre d’entreprendre ou d’être dans une impasse, d’attendre le bon moment ou de saisir l’occasion, d’oser ou d’assurer.
Je suis libre de ne pas être la meilleure, ni même excellente et encore moins parfaite.
Je suis libre d’échouer et de recommencer.
Je suis libre, à 52 ans, de me lancer de nouveaux défis, de ne pas me contenter d’être une séniore en fin de carrière.
Je suis libre d’être jeune, entreprenante, pleine d’énergie, d’idées et de projets.
Je suis libre d’être partie prenante au monde.
Et je suis libre de me sentir libre.
Et vous, où en êtes vous de votre liberté ?
Christelle Hauteville-Chadorla
(1) Bien que ces droits et cette charte soient des éléments fondateurs de ma liberté en tant que citoyenne française
Photo : Bhoutan 2009
