Il y a 9 ans, j’étais au Bhoutan. J’avais 43 ans, et je commençais à remettre en question l’idée de soi, d’identité. J’ai connu tant de changements dans ma vie, j’ai rencontré tant de personnes aux profils et vécus différents, dans des lieux et cultures disparates, dans des circonstances si souvent improbables pour la fille venue de Féternes en Haute-Savoie. Alors qui suis-je ? Et par extension, qui sommes-nous ? Avons-nous réellement une identité propre comme le met en avant la psychologie, un soi ? C’est incontestable, en tout cas nous nous y référons tous. Mais si je pose ma conscience sur un plan plus subtil, y a-t-il quelque chose au-delà ? Oui, il y a une nature vide, qui si elle demeure ouverte et non séparée, est non duelle. Elle devient un Soi, elle descend dans la dualité à partir du moment où l’ouverture se rétrécit, où la sagesse perd la notion du tout pour se focaliser sur une partie du tout, qu’elle va finir par prendre pour Soi, ou autrement dit l’expérience qui se raconte l’histoire de l’expérience. Un peu comme si une marguerite commençait à se raconter l’histoire de la marguerite, à se demander si l’arbre proche d’elle est un danger ou une aubaine, si elle est à la bonne place, si les pétales qui flétrissent sont une marque de sa finitude… Voilà, la marguerite a créé une conscience d’elle même, elle a désormais un soi… et un devenir, une suite à vivre.
Je sais, c’est incompréhensible quand nous n’avons pas accès à ces plans plus subtils. Mais pour autant est-ce faux ? Est-ce parce que n’ai pas accès à quelque chose que cela n’existe pas ? Ou la conscience de soi est-elle l’esprit qui s’est lui-même limité à s’auto observer ? Un peu dur à comprendre et admettre, je sais, je suis passée par là !
Il y a plus subtil que ce que nous pouvons concevoir ordinairement. Nous pouvons en faire l’expérience dans les multiples expériences de notre vie. Est-ce un soi fixe qui vit toutes ces situations ou est-ce des situations qui émergent et un soi qui s’y identifie ?
Un petit conseil pour commencer à laisser cette compréhension devenir réalité : quand on vous demande qui vous êtes, répondez simplement « Je suis ouverte à ce qui est. Je suis ce qu’il y a à faire, ici et maintenant ». Au fond, ne sommes nous pas que le résultat de nos actions, tout le reste étant croyances et hypothèses. A méditer, non pour figer une réponse et avancer une nouvelle hypothèse, mais pour ouvrir à une autre compréhension.
Vous êtes ce que vous faites, ici et maintenant. Vous voulez changer ? Agissez autrement, ici et maintenant.
Belle soirée.
Christelle Hauteville-Chadorla