Ma liberté est mon bien le plus précieux, et certainement la bataille pacifique que je livre chaque jour pour demeurer authentique, libre d’être comme je souhaite être.
Je suis née en France, dans une famille française peu pratiquante de culture judéo-chrétienne. Toute ma jeunesse je me suis qualifiée d’athée. Rien d’autre que nous, notre responsabilité. J’ai été libre de faire mon chemin et j’ai, à 35 ans, décidé de suivre une voie bouddhiste qui pour moi est le summum de la responsabilité individuelle : tout est en toi. Je n’ai pas une pratique religieuse du bouddhisme, enfin je crois. Je favorise l’approche philosophique et psychologique. En même temps, mon époux est un lama et Dr en philosophie bouddhiste. J’ai fondé un centre bouddhiste en 2015, pour lui donner un lieu d’enseignements. Alors oui, je suis bouddhiste, mais pas seulement, pas identitairement et pas en priorité. Je suis bouddhiste tout en étant française, judéo-chrétienne, de culture adoptive bhoutanaise. Et j’ai d’autres influences.
Je peux être tout cela à la fois car ici, en France, il y a la laïcité et la liberté. Nos biens les plus précieux.
Je ne revendique pas mes croyances, je les vis. Elles sont en moi. Et elles sont entièrement compatibles avec nos lois et avec les responsabilités individuelles et collectives. D’abord respecter autrui. D’abord favoriser le vivre ensemble, parce qu’il est la source de nos potentiels accomplis. D’abord accueillir les croyances des autres, non pas parce qu’ils ont raison, mais parce que c’est important pour eux et qu’ils sont fait de cela. Respecter toutes les croyances, c’est respecter la diversité des êtres. C’est ne pas croire en une vérité unique, mais multiple. C’est s’enrichir les uns les autres. C’est ouvrir le champ des possibles. C’est donner la liberté de changer de chemin. C’est redonner à chacun sa liberté.
La liberté n’est pas uniquement un droit individuel, c’est aussi un devoir de respecter ce droit à autrui. Et pour respecter chacun dans son droit et sa liberté de croyances, la tolérance couplée à la vigilance est nécessaire.
La vigilance est ce gardien en veille, observant le respect de la liberté de chacun et du bien vivre ensemble. Et pour bien vivre ensemble, nous ne pouvons pas imposer nos croyances aux autres, nous devons vivre ensemble dans nos dénominateurs communs. C’est cela pour moi le principe fondateur de la laïcité. Dissocier les règles de vie commune nous incluant tous, quitte à gommer nos croyances différenciantes en communauté. Sans les nier, simplement en les vivant de l’intérieur ou en les laissant à la sphère privée .
Il est malheureusement naïf de croire que nous pouvons tout accepter des autres. Dans le principe oui, dans le vivre ensemble c’est plus difficile. Les croyances des uns heurtent les croyances des autres dans leur application concrète en société. Nous le constatons malheureusement. Et le seul moyen de vivre ensemble est d’accepter de ne pas nous imposer aux autres, mais d’exister parmi eux, en respectant la notion de « ensemble ». Pas moi en priorité. Nous d’abord. Et pour cela, j’accepte de mettre mes convictions de côté et de les vivre en sourdine dans certains lieux. Cela ne m’empêche pas de m’exprimer. C’est la laïcité et la liberté qui me permettent d’écrire ce post.
Parce que je te respecte, je prends soin de ne pas te heurter. Et je te remercie de faire de même pour moi.
Je suis Laïcité et liberté.
Christelle Hauteville-Chadorla